Quelles relations intimes les animent ?

La valorisation du capital humain, le développement des compétences et des relations humaines sont indispensables à la réussite de chacun. Ils ont placé la communication au centre des préoccupations de ces 3 espaces professionnels devenus incontournables désormais.

De leur côté, la santé et la santé au travail font cause commune et elles deviennent parties prenantes dans l’amélioration des relations interpersonnelles et interprofessionnelles.

Ainsi, des mots émergent comme sens, utilité, travail, bien-être. Quelles relations intimes les animent ?

Pour mieux comprendre leur corrélation, ouvrons les portes de la linguistique en apportant une définition claire de ces termes employés. Quels comportements, quelles attitudes expriment-ils ?

Soyons curieux (1) et traquons ces mots pour leur faire exprimer vraiment ce dont ils sont porteurs afin qu’ils livrent à tout acteur de sa vie et à tout manager engagé la dynamique qui les assemble ou les désunit.

  1. Curieux :  vient du cura « prendre soin »

Les définitions des termes travail, sens et utilité

Le terme SENS

Il remonte au latin « sensus » et apparait dans la langue française au XIIe siècle. Il possède aussi une origine germanique plus ancienne dans le terme « sen » qui signifie « direction » ou « chemin ». Ainsi, l’expression « donner du sens » peut être prise dans son sens strict originel qui signifie « indiquer la direction ».

Cependant, nous comprenons parfois le terme « sens » comme étant « la destination ». De ce fait, le terme « sens » veut dire « orientation ».

Nous savons qu’il y a une seconde possibilité pour définir le terme « sens », il veut aussi dire « signification ». 

Nous pouvons reprendre le terme « sens » dans son contexte métaphysique ou philosophique premier. Le terme « sens » a alors pour synonymes : « fondement, justification, raison d’être, valeur ». Il regroupe trois conceptions sur la réflexion de la raison d’être de l’existence de l’homme :

  • La Raison : une chose sensée a un fondement, une justification par son origine, sa source (Dieu, le destin, la nature…) et elle ne peut pas s’apparenter à une convention, une règle ou une loi ;
  • L’Ordre : une chose sensée entre dans un cadre intelligible, ordonné et compréhensible (issu de l’ordre, de la sagesse) ;
  • La Direction : une chose sensée se dirige vers une chose sensée, elle évolue selon une loi intelligible et porte une valeur ou un contenu signifiant. 

Le terme UTILITÉ :

L’adjectif « utile » signifie « qui peut servir », le latin tardif a déterminé « usus » Par extension, le verbe « usare » signifie « employer, se servir de, user ». À noter que dans l’expression « user de », c’est le sens détérioré qu’il faut entendre.

Selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales, le terme « utile » entend le caractère de ce qui est utile. 

En économie, le terme « utile » entend la qualité d’un bien ou d’un service qui le rend apte à assurer une certaine fonction, et de ce fait, il le rend désirable pour ses acquéreurs potentiels. C’est la qualité d’un bien ou d’un service qui permet d’assurer une certaine fonction.

Le lien entre le terme SENS et le terme UTILITÉ

il est intéressant de s’appuyer sur les termes les plus proches et, à ce titre, les mots « sens » et « utilité » se rapprochent.

En effet, le champ lexical du mot « sens » met en lumière les termes de « but », « chemin », « commandement », « compréhension » et « conscience », mais aussi « instinct » et « intelligence ». Il s’étend jusqu’à « lucidité », « perspicacité » et « tendance ».

Ces mots, qu’on appelle parfois des « synonymes éloignés », les rapprochent de « l’utilité » dont le champ sémantique porte jusqu’à « fonction », « intérêt », « mérite » et « nécessité ».

Le terme TRAVAIL :

En latin, l’étymologie du terme « tripalium » donne à ce terme une connotation très négative : le tripalium était un instrument qui servait à ferrer les chevaux ou les bœufs. 

Il a pris très vite (vers 578 apr. J.-C.) le sens « d’engin de torture ». Ainsi, le verbe « travailler » a eu pour sens premier « tourmenter, peiner, faire souffrir » qui subsiste d’ailleurs dans l’expression « ça me travaille » ou « travailler au corps ». 

N’oublions pas le sens de « salle de travail » dans une maternité, un lieu de création et de souffrance. 

Les définitions dans l’environnement actuel

En résumé, nous pouvons avancer ce qui suit :

Le terme SENS

Il nous permet de nous interroger et de nous poser une question existentielle : Qui suis-je ? Et, donc de concourir pour tout individu à construire et formaliser son identité.

Le terme UTILITÉ et le terme TRAVAIL

Ils nous permettent de nous resituer dans l’employabilité que nous avons pour les autres et le monde, et ils nous mènent à formuler une deuxième question existentielle qui est : Qu’est-ce que je fais ici ?

Cependant, ces deux mots sont constitués de deux composantes différentes, voire antagonistes :

  • Ayant un premier côté plutôt rassurant, ils participent à être soi dans le monde, à être et à avoir une relation sociale avec son environnement, à être reconnu en tant que personne par les autres. Ils sont une source de créativité, d’efficacité et de naissance.
  • Ayant un second côté plutôt inquiétant, ils évoquent le revers de la médaille, le prix à payer pour un individu. Ces deux termes engendrent inexorablement l’usure, la détérioration de l’humain tout en créant un lien avec la souffrance. 

La conséquence sur la santé 

L’OMS définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». 

La santé implique la satisfaction de tous les besoins fondamentaux de l’individu. De plus, elle résulte d’une interaction constante entre l’individu et son environnement. La santé est donc le reflet de la capacité d’agir d’un individu à maintenir un état de bien-être et à le démontrer par un comportement adapté et approprié lors d’interactions avec les autres, sa culture et son environnement. 

Seul le mot sens semble bénéfique durablement et il concourt de façon absolue à préserver, voire renforcer le maintien des équilibres et de la performance pour tout individu, pour toute organisation ayant chacune son système de management propre.

À l’inverse, si les notions d’utilité et de travail sont fortement mises en jeu, des symptômes significatifs apparaitront sous la forme de troubles, d’instabilités, de fragilités pour : 

  • L’Humain : Risques psychosociaux , Troubles musculosquelettiques ; Perte d’identité, Diminution de l’estime de soi, une dégradation de sa propre image, une perte de confiance, Vision du monde plus étroite, Diminution de l’affirmation de soi, Réduction du sentiment d’efficacité et une moins bonne capacité à utiliser ses habiletés ;
  • L’Organisation : Perte d’appartenance et d’affiliation, Qualité de vie amoindrie, Climat social dégradé, Perception modifiée de la « justice » organisationnelle, Écart de valeurs, Désengagement et diminution de l’implication organisationnelle ;
  • Le Management : Perception de manque de reconnaissance , Relations positives et authentiques détériorées, Émergence des Tensions et conflits, Installation de la violence verbale et physique voire des situations de harcèlements, Recrudescence des Accidents du travail.

Ainsi, ces termes colorent et façonnent notre mode de vie. Il nous incombe de bien comprendre leur dynamique dans l’optique de pouvoir évaluer et analyser leurs conséquences salutaires ou défavorables. 

C’est également notre responsabilité de prendre une pleine conscience de leur importance pour trouver des réponses, des actions adéquates dans l’optique de maintenir les équilibres et les relations positives à soi et aux autres dans le temps.

Les 3 actions préconisées par Naceol

Développer le pouvoir d’agir chez l’humain, dans les organisations et dans les méthodes de management 

Le développement du pouvoir d’agir est « un processus par lequel des personnes accèdent ensemble ou séparément à une plus grande possibilité d’agir sur ce qui est important pour elles-mêmes, leurs proches ou le collectif auquel elles s’identifient ». 

Toute personne ou tout groupe a la potentialité pour trouver une solution à son problème, à ses préoccupations. Il convient de rappeler qu’à l’origine, il existe des causes structurelles et des causes individuelles. 

Pour résoudre ces problèmes, il s’agira de prendre en compte ces deux dimensions de façon simultanée.

Faire de l’entreprise un lieu commun d’éducation à la santé

Développer un management positif

  • Co-construire et planifier une politique de santé sur le long terme avec les parties prenantes internes et externes. 
  • Intégrer auprès des cadres dirigeants et managers les caractéristiques positives d’une institution et d’un management incluant de puissantes valeurs telles que l’altruisme, l’intégrité, l’authenticité, la gratitude et la coopération. 
  • Développer l’institution positive par une mise en œuvre de relations compréhensives ouvrant la voie vers l’épanouissement de chacun. 

En définitive, cela met en place un projet de management qui semble pertinent et dans lequel, en respectant le projet de chaque collaborateur, il y a un solide renforcement du projet collectif.  

Ainsi, au-delà des difficultés rencontrées au quotidien dans l’environnement professionnel, cette approche vise un travail sur l’existence, les valeurs et l’engagement de l’individu dans le but de promouvoir la constitution de facteurs de résilience, de santé, de capacités cognitives, d’efficacité professionnelle et de relations positives aux autres.

Permettre ou redonner le « pouvoir d’agir » à chacun des salariés

Pour que le sens de la vie de tous devienne une véritable utilité personnelle. Pour cela, l’organisation doit véhiculer des valeurs communes, des croyances identifiées et des normes comportementales proches ou à tout le moins compatibles.

Rendre capacitaire, c’est amener, orienter et conduire tout individu à Être conscient de ce qui fait du bien et faire en sorte d’appliquer ces mécanismes vertueux au quotidien. 

La présente démarche améliore l’état de présence et de conscience par le développement de l’attention à soi, aux autres et au monde. Elle vise l’unification du sujet redonnant accès au plaisir de se sentir vivant.

Cynthia Fleury dit ceci : « Il faut se soucier de rendre « capacitaires » les individus, c’est-à-dire de leur redonner aptitude et souveraineté dans ce qu’ils sont ; comprendre que la vulnérabilité est liée à l’autonomie, qu’elle la densifie, qu’elle la rend viable, humaine ; travailler à faire que cette vulnérabilité soit pour autant la moins irréversible possible ». 

Conclusion : 

Il convient de retenir que la réflexion sur des termes utiles du langage courant peut amener à construire une logique de projet et le conduire vers un aboutissement puissant. Naceol s’attache à placer les fondements de sa démarche dans un contexte sémantique pour ensuite en retirer l’essence de ses idées et appliquer leurs perspectives dans la réalité concrète. 

En définitive, quel que soit le « sens » ou « l’utilité » d’un terme ou d’un mot, il ne faut pas confondre « l’innovation » et le « progrès » parce que toute innovation n’est pas un progrès.

Il y a heureusement des progrès qui ne demandent pas d’être innovants.