Cet article fait suite à l’article « Schéma Corporel et Proprioception »

CONTEXTE : 

L’espace est une notion ayant plusieurs sens en fonction de la discipline et du contexte (l’espace géographique, l’espace en astronomie, l’espace psychique en psychologie…).

Communément, l’espace est un lieu approximativement défini où peut se situer quelque chose. La notion de temps y est souvent rattachée (espace-temps)

En psychomotricité, la notion d’espace fait écho à la conscience que l’individu possède de son environnement et comment il s’y organise.

Être en mesure de se représenter et de concevoir l’espace est une compétence qui découle de l’expérience du corps, point de départ de la psychomotricité :

« Le mouvement est à la source des représentations spatiales » (Piaget J., psychologie du développement) ; 

« Penser l’espace, c’est (…) s’y orienter, s’y mouvoir et s’y déployer » (Lesage B., Médecin, danse-thérapeute.) ; 

« Un corps immobile n’aurait jamais pu concevoir l’espace » (Poincaré H., Physicien).

L’action motrice contribue à ancrer la personne dans ses repères « d’espace-temps » et renforce la conscience de son propre corps en tant que référentiel.

La conscience de l’axe corporel permet de déterminer et de concevoir la Droite et la Gauche mais également les autres repères (haut/bas, avant/arrière, latéralité). 

Conceptions qui s’appuient dans un premier temps sur les expériences du corps, dans le but de pouvoir se mentaliser dans un second temps (exemple : représentation d’une distance).

L’intégrité des systèmes sensoriels joue un rôle important dans la construction de l’organisation spatiale en nous renseignant en permanence sur notre environnement : ce que je peux entendre, toucher et voir… assurant ainsi un ensemble cohérent.

Trois composantes sont nécessaires à l’organisation spatiale :

  • La perception de son environnement : La vision et la motricité oculaire « décode » l’espace environnant. 
  • L’évolution dans son environnement : Un bon schéma corporel sera primordial pour agir, bouger et se représenter mentalement l’espace pour s’y orienter et s’y repérer.
  • La manipulation de son environnement : Multiplier les expériences de manipulation variées, en s’appuyant sur la coopération entre son œil et sa main sera déterminant pour le développement des habiletés de construction et de géométrie dans l’espace.

QU’EST-CE QUE LA PSYCHOMOTRICITÉ ?

La psychomotricité est l’étude de l’ensemble des relations entre l’activité motrice et le psychisme.

Cette discipline est au carrefour des fonctions motrices et neuromotrices, exécutives avec l’environnement et la psychologie de l’individu.

La psychomotricité vise la prévention, le diagnostic, la rééducation des troubles psychomoteurs. 

Cela permet d’avoir une action sur des sujets ayant une déficience intellectuelle, des troubles de la personnalité, de régulations émotionnelles et relationnelles et des troubles de la représentation du corps d’origine psychique ou physique.

C’est une approche globale prenant en compte la rééducation adaptée des troubles psychomoteurs et des troubles des fonctions exécutives dans l’environnement du sujet.

La psychomotricité fait le lien entre corps et psychisme.

La séparation entre le corps et l’esprit n’a aucune raison d’exister lorsque l’on conçoit que ce sont les nombreuses activités que l’être humain réalise tout au long de sa vie, qui permettent le développement de l’expérience. 

QUEL EST LE BUT DE LA PSYCHOMOTRICITÉ ?

Elle a pour objet de prévenir et de traiter les troubles psychomoteurs ou les handicaps perçus comme une altération du développement psychomoteur et de l’organisation psychomotrice d’une personne.

La psychomotricité a un double objectif : 

  • Aider l’individu à mieux prendre conscience de son corps, à apprendre à le maîtriser pour être capable de s’exprimer et de communiquer, 
  • Aider à (re)trouver une bonne relation avec son corps et à se (re)mettre en lien émotionnellement.

La psychomotricité permet de développer :

  • L’autonomie,
  • Les habiletés motrices,
  • La confiance en soi et envers les autres,
  • Les compétences sociales,
  • La gestion des émotions,
  • Le plaisir d’être en mouvement.

QUELS SONT LES TROUBLES PSYCHOMOTEURS ?

Les troubles psychomoteurs sont des troubles du développement neurologique affectants l’adaptation du sujet dans sa perception motrice.

Ces troubles se manifestent dans la façon dont le sujet s’engage dans l’action, dans la relation avec autrui et dans l’environnement.

Souvent discrets et situationnels, ils perturbent prioritairement les mécanismes d’adaptation, constituant une source de désagrément pour le sujet et son milieu social. 

Les principaux troubles psychomoteurs sont :

  • Le trouble de l’attention et hyperactivité
  • Le trouble du développement de la coordination
  • Les dysgraphies
  • Incapacités d’apprentissage non verbal
  • Troubles du schéma corporel
  • Dominance latérale
  • Troubles du tonus musculaire

Les troubles psychomoteurs peuvent être isolés mais l’association de ces troubles à d’autres est importante. Cela signifie que les troubles psychomoteurs sont souvent associés à des pathologies psychiatriques multiples, aux troubles du comportement, de l’apprentissage ou du développement neurologique.

POUR TESTER :

Le Brain Gym :

Dévellopée par le chercheur Paul Dennison aux Etats-Unis, la « Brain Gym » suggère d’utiliser le corps pour mieux apprendre : cette approche a mis au point 26 mouvements simples ayant chacun leurs vertus.

L’éducation kinesthésique est une approche éducative utilisant principalement des mouvements et des activités artistiques et motrices afin développer notre potentiel en favorisant la communication entre le corps et les fonctions.

Pratiquer le Brain Gym, c’est apprendre à observer le langage du corps et mettre ce corps en mouvement pour développer son potentiel, ses compétences, favoriser le bien-être et l’estime de soi.

Brain Gym et la Kinésiologie Éducative permettent :

  • Qu’un apprentissage devienne une activité naturelle et agréable
  • De supprimer les blocages de l’apprentissage causés
  • D’apprendre à positionner son corps de façon naturelle
  • La concentration
  • La gestion émotionnelle
  • L’intégration bilatérale hémisphérique de telle façon que chaque hémisphère cérébral puisse jouer son rôle en harmonie et en complémentarité suivant le schéma ci-dessous :

Exemple concret :  

La Brain Gym propose de prendre quelques minutes pour se détendre et se mettre en condition pour mieux utiliser le potentiel du cerveau : il s’agit d’enchaîner 4 activités de base, dans une séquence appelée ECAP. Acronyme de « Énergisant, Clair, Actif, et Positif ». 

Voici ces 4 exercices simples à faire avant une activité qui demande plus d’attention. Ils sont parfaits pour apprendre sans stress et de façon optimale.

Effectuer ces exercices en suivant l’ordre proposé.

1/ Énergétique : 

La première activité ECAP est de boire de l’eau lentement, tout en en gardant un peu dans sa bouche avant de déglutir. 

A quoi ça sert ? 

Pour la « Brain Gym », c’est un mouvement « énergisant » : boire nous réhydrate et nous redonne de la vitalité. 

Toutes les compétences du cerveau sont renforcées par une bonne hydratation : concentration, allégement de la fatigue mentale, meilleur stockage des informations.

2/ Clair : 

Afin d’oxygéner le cerveau, voici un exercice qui se fait debout, une main sur le thorax et l’autre sur le ventre. 

Faites un mouvement circulaire avec la main supérieure. 

En même temps, tournez la tête de gauche à droite (signe de « non »). 

Puis le refaire avec l’autre main de l’autre côté du corps. 

Faites l’exercice durant 30 secondes environ.

A quoi ça sert ? 

Ce mouvement active la coordination des mains et des yeux. 

Il peut faciliter la lecture et l’écriture à la main ou au clavier.

3/ Actif :

Debout, lever chaque genou pour qu’il touche le coude opposé, en alternance. 

Ce mouvement croisé sert à travailler les deux côtés du cerveau simultanément, ce qui aide à stimuler l’apprentissage. 

L’exercice se fait durant 1 minute.

A quoi ça sert ? 
Cela stimule toutes les compétences motrices fines du corps ainsi que la latéralité (sens droite-gauche) qui interviennent dans l’écriture, l’orthographe, la coordination entre le cerveau gauche et le cerveau droit… 
Facilitant la coordination, cela aide aussi à la compréhension.

4/ Positif : 

Le dernier exercice a pour but d’aider à se centrer afin d’être plus réceptif et moins agité, donc détendu et positif. 

L’exercice peut se faire assis ou debout.
Étape 1 : On allonge les bras, ensuite on les croise et enfin, on les ramène vers soi.
Étape 2 : On croise simplement les jambes (cela nécessite un peu d’équilibre lorsqu’on est debout).
Étape 3 : Après quelques secondes, on décroise nos membres.
Étape 4 : On colle le bout de nos doigts ensemble pendant quelques secondes.

Cet exercice se fait une seule fois. Il peut être fait les yeux fermés ou ouverts.

A quoi ça sert ? 

Ce mouvement des « contacts croisés » active les muscles de l’équilibre : cela permet d’évacuer le stress et les éléments perturbateurs qui dispersent votre attention. Vous vous recentrez, vous vous sentez plus calme et prêt à réfléchir et à organiser votre pensée. 
A faire pour affronter les situations de stress aigu.

CONCLUSION :

La psychomotricité stimule les ressources de la personne pour mieux se connaître et à trouver en autonomie les ressources de son développement. 

Elle améliore l’équilibre entre corps et esprit contribuant au bien-être physique, psychique et social de l’individu.

Mise en œuvre à titre préventif, cela permet d’améliorer la qualité de vie des individus et d’éviter des retards de développement dès le plus jeune âge.

Le site Santé Travail rappelle la définition de la prévention donnée par l’OMS en 1948 comme suit : « l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps ». 

Naceol, par l’intermédiaire de son outil RAICE l’indicateur QVCT, étant dans le domaine de la santé et du bien-être, il est pertinent de redonner la définition proposée également par l’OMS, comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité́ » (OMS, 1998) 

Pour rappel, il existe 3 niveaux de prévention :

  • Prévention primaire : stade pré-maladie.

Ensemble des conduites menées afin de diminuer l’apparition de nouveaux cas d’une maladie sur une période et une population donnée (incidence). 

Elle se situe en amont des risques, des stress, elle à les réduire ou à les supprimer. Elle est surtout orientée sur l’organisation du travail. 

  • Prévention secondaire : stade des prémices de maladie. 

Ensemble des conduites afin de diminuer le nombre d’anciens et de nouveaux cas d’une pathologie à un moment donné (prévalence). 

Ces actions tendent à diminuer les facteurs de risques de survenue des pathologies. 

Cette prévention est axée sur le développement des moyens de protection. 

  • Prévention tertiaire : stade où la pathologie est installée. 

La prévention en entreprise repose en partie sur la détection des troubles musculosquelettiques (TMS) et des risques psychosociaux (RPS), d’où l’intérêt de quantifier la manière dont les salariés perçoivent et subissent ces troubles. 

Plus les réflexions et les démarches éducatives sur la posture, la mobilité, le schéma corporel ou encore la psychomotricité sont précoces, plus l’intégrité psychocorporelle des individus sera préservée par un éveil et une prise de conscience associée à une meilleure autonomie dans la gestion des capacités de chacun.