Partie 1/2
Origine des TMS : Anatomie et biomécanique
Dans le monde du travail, ces troubles musculo-squelettiques proviennent, notamment, de mauvaises postures au cours d’un effort physique important ou d’une posture prolongée, de gestes répétitifs, d’un équilibre instable. On les distingue des RPS, risques psycho-sociaux, qui sont les risques encourus face à une défaillance psychique, perte du contrôle de soi ou de ses émotions, manque de concentration et fatigue.
Quelles sont les éléments, dans le corps humain, impliqués dans ces troubles ?
Mécanisme de la contraction musculaire
Le muscle squelettique est relié aux os. Il s’attache à l’aide de tendons. Le corps possède plus de 600 muscles.
Le muscle est composé de fibres, quelques centaines pour les plus petits, plusieurs centaines de milliers pour les plus volumineux.
Les tendons sont composés de collagène, qui est une protéine fabriquée par des cellules spéciales, les fibroblastes. Ce collagène n’est pas contractile.
Le tendon peut être court ou long. Les doigts présentent par exemple des tendons longs avec un corps musculaire qui se situe au niveau de l’avant-bras.
La contraction se fait grâce à deux protéines, l’actine et la myosine, qui créent des ponts pour permettre le glissement des myofilaments. Le raccourcissement du muscle résulte donc du glissement des filaments les uns par rapport aux autres.
De même, pour inhiber le processus contractile (donc l’action de l’actine et de la myosine), on a deux protéines, la troponine et la tropomyosine.
C’est le calcium qui inhibe la troponine et la tropomyosine. Ainsi une injection de calcium en intramusculaire déclenche la contraction. La liaison actine-myosine devient possible.
Ainsi suite à une excitation nerveuse, du calcium est libéré, les ponts se forment pour chaque filament, qui font glisser les myofilaments et réduisent ainsi la longueur des fibres musculaires : c’est la contraction.
Il existe des drogues qui bloquent la libération du calcium : le muscle reste relâché. Et inversement, il existe des drogues qui provoquent la libération de calcium, comme la caféine dans des concentrations fortes et causent des contractures musculaires en l’absence de potentiel d’action (d’excitation nerveuse).
Lexique mécanique musculaire :
- Par contraction, on entend la suite de phénomènes aboutissant à la production de force par le muscle.
- La tension, c’est la force exercée par le muscle sur un objet (ex : taper sur le clavier d’un ordi).
- La charge, c’est la force exercée par le muscle pour soulever un objet (lourd : notion de poids).
La contraction musculaire ne peut se faire qu’en présence d’ATP qui est la source d’énergie. Sans énergie, pas d’échange, donc la force de la contraction baisse jusqu’à devenir nulle : on parle de fatigue musculaire.
L’influx nerveux
L’excitation nerveuse se fait par un neurone moteur qui est relié à plusieurs fibres musculaires : on appelle cet ensemble l’unité motrice.
L’influx nerveux provoque la libération d’une substance, l’acétylcholine qui est un neuromédiateur, au niveau de la plaque motrice ; cette substance rend perméable la membrane de la cellule musculaire, ce qui autorise les échanges potassium et sodium. Là aussi certaines drogues empêchent la réalisation de cette étape, comme le curare, qui bloque la libération de l’acétylcholine : le muscle ne peut plus se contracter, et l’individu meurt par asphyxie car les mouvements respiratoires ne sont plus possibles (notamment le diaphragme). Il en est de même pour la toxine botulique utilisée en médecine et en clinique esthétique, pour supprimer les rides…C’est un poison mortel, il suffit de 1×10-4 mg pour tuer un homme. 250gr pourraient tuer l’humanité entière.
Pour résumer, d’un potentiel d’action (excitation nerveuse), l’influx se propage jusqu’à la plaque motrice ; de là, libération d’acétylcholine qui augmente la perméabilité de la membrane de la cellule musculaire. Les échanges de potassium et de sodium se font qui permettent de propager le potentiel d’action sur la fibre musculaire. A ce moment, le calcium est libéré, les ponts d’actine-myosine se forment et enclenchent le glissement des myofilaments. La longueur du muscle est raccourcie : c’est la contraction musculaire. L’actine–myosine est inhibée par la troponine-tropomyosine. L’Ach est inhibée par l’acéthylcholinéstérase, qui est sécrétée au bout de 5 millisecondes après le début de la sécrétion d’Ach. C’est systématique. Ainsi pour maintenir une contraction musculaire, le potentiel d’action est balancé constamment.
L’articulation
L’articulation permet aux segments de se mouvoir dans l’espace selon des plans :
- Vertical, perpendiculaire à la surface du sol
- Horizontal ou transversal, parallèle à la surface du sol
- Sagittal, d’avant en arrière, perpendiculaire aux deux plans précédents
Les mouvements sont :
- La flexion/extension
- L’abduction/adduction
- La rotation interne/externe
- La circumduction
La surface articulaire est une surface recouverte de cartilage. Le cartilage est un tissu élastique à la pression et à la flexion. Il est composé d’eau (jusqu’à 70%), de graisse, de glycogène (colle) et de collagène (colle) selon l’endroit. Il est d’une épaisseur de 2 à 5mm et est nourri par le liquide appelé synovie.
Le liquide synovial contient des fibres élastiques, des vaisseaux et des nerfs.
La vascularisation d’une articulation est en rapport étroit avec son activité : celle qui travaille beaucoup est plus riche en vaisseaux que celle qui ne fait que peu de mouvements.
Le manchon fibreux de la capsule articulaire, qui contient la synoviale, a peu de fibres élastiques, et son épaisseur est irrégulière. A l’endroit le plus mince peut se produire une évagination de la synoviale, à travers le manchon : ces excroissances s’appellent des kystes synoviaux (ex : le kyste poplité).
La synovie a une fonction de lubrifiant. C’est un liquide albuminoïde, qui nourrit le cartilage. Sa viscosité (à cause de l’acide hyaluronique) dépend de la température : plus elle est basse, plus la viscosité augmente.
Disques et ménisques : tissus à base de collagène et d’éléments cartilagineux. Leur fonction est la congruence (ATM, sterno-clav, genou, inter-vertébral).
Bourrelets marginaux : tissus à base de collagène et d’éléments cartilagineux. Leur fonction est d’accroître la surface articulaire.
Amas graisseux : ils favorisent le glissement entre les muscles.
Bourses séreuses : poches plus ou moins grandes tapissées de synoviale. Leurs fonctions sont d’agrandir la cavité articulaire (ex : sus-rotulienne qui favorise le glissement de la rotule vers le haut si besoin), de réduire la friction, l’échauffement et l’érosion résultant des mouvements des articulations (ex : bourse séreuse du tendon d’Achille) , et de lubrifier les structures voisines.
Les cartilages non vascularisés perdent leur élasticité, ce qui entraine des lésions et régressions des surfaces encroûtées de cartilage. Il existe aussi des excroissances qui peuvent se transformer en tissus osseux, gênant la mobilité de l’articulation.
Aponévroses et fascias
Ils engainent les muscles ou les groupes musculaires, permettant le glissement des uns sur les autres. Autour des tendons, il y a une gaine séreuse avec une couche interne dans laquelle circule la synovie (cf. tendinite qui peut être une inflammation de la gaine).
Le fascia est une trame tissulaire d’enveloppement, de relation et de soutien, qui permet la conduction du tonus et du mouvement de façon réflexe, et une harmonisation des fonctions musculaires en chaînes. Aponévroses et fascias lient les structures osseuses et les viscères, d’où les influences réciproques par traction viscérale ou des déformations posturales. Aussi ces liens ne doivent pas être trop étroits.
Si les fascias autorisent le glissement des différents plans au cours du mouvement, ils peuvent à l’inverse perturber ce mouvement en cas d’adhérence ou de cicatrice. Le tissu fascial est susceptible de perdre, plus ou moins partiellement, son élasticité et sa souplesse, voire de se rétracter (en association à un manque de sollicitation en allongement, à des tensions musculaires chroniques qui finissent souvent, en retour, par être fixées dans leur position courte à cause de la rétraction fasciale associée).
Plèvre, péricarde, péritoine, aponévroses, capsules et ligaments, méninges…
Pour finir, l’os lui-même, sa forme, sa modélisation, est donnée par le mouvement. Les forces de compression, de gravité surtout, construisent l’os en travées, qui sont les renforts de l’os (comme l’armature d’un mur en béton). Les tractions tendineuses ou ligamentaires au niveau des insertions, créent des tubérosités, apophyses…. Et en pathologie des becs de perroquets, hallux valgus.
Les chaînes musculaires
- Groupe de fermeture : muscles qui assurent la flexion et la rotation interne ; elle est plutôt antérieure.
- Groupe d’ouverture : muscles qui assurent l’extension et la rotation externe (latérale) ; elle est plutôt postérieure.
- La posture fermée : en relation avec l’enroulement fœtal.
- La position de fermeture exprime un regroupement autour du centre (recentrage sur soi) ou réflexe de protection : muscles de flexion ou rotation interne de hanche.
- La position d’ouverture est une position relationnelle, de redressement : muscles paravertébraux et pelvitrochantériens (rotation externe de hanche).
Le fonctionnement corporel répond à trois lois fondamentales :
L’équilibre, l’économie, le confort ;
Tout désordre entraîne des compensations musculaires pour rétablir en premier lieu l’équilibre, puis le confort et enfin l’économie.
Le tonus
C’est l’état de tonicité de la musculature, ou niveau de tension, de « contraction » musculaire.
– Il maintient la posture
– Il prépare à la contraction
– Il est la base de la motricité, du langage, de la communication non-verbale, de l’expression.
– Il soutient l’éveil, la vigilance, la motivation et l’intention (en lien avec les facteurs psycho-émotionnels et affectifs.
Le tonus de base ne disparait pas même pendant le sommeil (plein de choses fonctionnent pendant le sommeil y comprit nos tensions chroniques profondes). Il porte aussi la charge expressive du mouvement (le redressement de la posture stimule l’éveil, l’avachissement amène l’endormissement).
Le tonus régule l’activité perceptive. L’excès de tonus entraîne une hypertonie, le manque entraîne une hypotonie.
Le tonus postural permet de tenir debout ou toute posture d’équilibre. L’hypo ou l’hypertonicité entraîne un manque d’efficacité.
Le tonus d’action permet la contraction musculaire, et donc l’action et le mouvement.
Les lésions
Les lésions sont observables suite à une mauvaise répartition du tonus sur les différentes chaînes musculaires, ou suite à un traumatisme.
Le Centre de Gravité, s’il n’est pas en place, surcharge les tensions sur un groupe musculaire.
Cette surcharge, outre les douleurs, aura des conséquences sur l’ensemble du corps.
Nous avons vu dans les parties précédentes toutes les imbrications anatomiques et physiologiques pour chaque partie du corps. La déficience d’un système entraîne immédiatement une adaptation des systèmes annexes dans le souci du respect des trois lois fondamentales : équilibre, confort et économie…mais toute adaptation à son coût. D’où l’intérêt de repérer les zones qui manquent de mobilité, et de ne pas attendre des dégradations irréversibles pour venir consulter un thérapeute.
La prévention primaire reste l’action la plus pertinente à mettre en œuvre afin de se prémunir contre ces problématiques. Identifier précisément les causes et y répondre par la mise en place d’actions proactives mais aussi curatives lorsque le trouble est déjà présent ; voilà tout l’enjeu de Naceol et de son outil RAICE : l’indicateur QVCT.