L’effet Flynn correspond à l’augmentation des scores aux tests de QI (Quotient Intellectuel). Cet effet a été observée par l’observation et la comparaison de populations, sur plusieurs générations, de 1952 jusqu’au début des années 1990.

Cependant, on observe que dans les années 1990, la progression tend à s’arrêter, voire s’inverser dans plusieurs pays occidentaux.

L’origine (temporaire ou non) ainsi que les causes de cet « anti-effet Flynn » sont toujours sujets de discussions. Plusieurs réflexions, en plus de celles portant sur les conditions d’étude de ce phénomène, met en avant des facteurs tels que la pollution environnante, nutrition, le milieu éducatif, social, ou biologique.

Même si actuellement, il est admis scientifiquement que ces propositions sont insuffisantes pour expliquer à elles seules l’effet Flynn et l’anti-effet Flynn, ces différents facteurs sont sujets de recherches en cours.

Avant de raisonner sur la baisse de notre QI, il est d’usage d’établir ce que nous évaluons comme « l’intelligence ».

Devons-nous redouter une « stupidisation » ( Le Monde du 13/06/2018) du genre humain ? Une analyse critique et complète du concept d’intelligence, de son accroissement et de son inversion s’avère nécessaire.

L’effet Flynn et son contraire concernent-t-ils l’intelligence ?

La recherche des causes possibles de cette hausse puis de cette baisse porte essentiellement sur la part respective, dans les deux cas, des facteurs environnementaux et génétiques.

Cela ouvre de nouveau le débat entre l’innée et l’acquis dont l’enjeu est capital.

Il est pour objectif de déterminer si l’«intelligence» est une donnée naturelle ou alors est le résultat d’une construction sociale.

Dans le premier cas, cela signifierait que les possibilités de développement intellectuel de certains seraient réduites à cause de leur faible « dotation » individuelle (théorie du don).

Ou bien est le deuxième cas, ce qui permet à tous si les conditions sont réunies, la perspective d’un bon développement intellectuel.

L’intelligence se réduit-elle au QI ?

L’intérêt est surtout de savoir ce que mesure le QI.

En effet, la possibilité d’évaluer certains facteurs, le niveau de diverses aptitudes ou capacités, à l’aide d’exercices et tests spécifiques ne sont plus mis en doute aujourd’hui.

Mais pour mesurer quoi ?

Des niveaux de performance, dans des domaines spécifiques, dans le but de les mettre en comparaison par rapport aux performances de l’ensemble d’une population.

Cela fait que cette mesure est relative au regard de l’échantillon de population étudiée.

Ainsi, le QI n’évalue pas la « capacité intellectuelle » d’une personne, mais donne son positionnement au sein de la distribution de l’échantillon d’étalonnage du test.

Aussi il ne faut pas confondre performance et compétence.

Les recherches actuelles montrent que les fluctuations du QI correspondent à des fluctuations de performances, cognitives ou motrices.

Même si l’on peut déplorer des baisses de niveau de culture générale ou encore d’orthographe d’une population, que l’on pourrait corréler au fait de l’importance de la place prise par les écrans ainsi qu’aux nouveaux rapports à la lecture et à l’écriture, ces fluctuations de performances ne sont en aucun cas la preuve de l’existence d’une forme de capacité naturelle, inhérente à la structure de l’individu sur le plan organique.

C’est là le problème de la notion d’intelligence générale, dont la véracité a toujours été plus ou moins débattue.

Parler d’« intelligences multiples » serait un progrès dans une conception plus intelligente de l’intelligence.

Comment concevoir intelligemment l’intelligence ?

Nous pouvons nous demander si le terme « intelligence » est encore utilisable.

Il est admis scientifiquement que l’on ne mesure pas que des « facettes » de l’intelligence avec les tests de QI. La réflexion des chercheurs actuels amène à refuser les raccourcis qui font passer une performance (constatée) à une capacité intellectuelle (induite), pour se transformer en une intelligence générale (postulée). L’intelligence n’est ni une chose, ni un organe. On ne doit pas la réifier.

Charles Hadji, professeur en Sciences de l’éducation de l’université Grenoble-Alpes, et d’autres universitaires considèrent ce qu’on appelle intelligence comme un « pouvoir », ou encore des « attributs ».

Ces attributs, comme l’écrit François Jacob dans son livre La Logique du vivant, sont déterminés par le programme génétique, mais ne déterminent eux que des potentialités : pouvoir parler des langues, de comprendre, de marcher, etc.

Il est ainsi avancé que l’intelligence est l’attribut qui s’exprime dans le pouvoir de penser, ce qui nous fait tous égaux en intelligence.

Cependant il n’est qu’un pouvoir, libre à tout le monde d’en faire usage ou non.

Ainsi l’intelligence possède un avenir devant elle si les Hommes décident d’exercer le pouvoir qu’ils ont de se montrer intelligents, cela signifie de continuer à penser.

Finalement, l’intelligence ne décroit que si l’on ne s’en sert jamais.